Le piano qui chante

Le piano qui chante

CLASSIQUE INFO, Richard Letawe

 

Première édition du Festival international de musique de Jodoigne

dimanche 6 novembre 2011 par Richard Letawe
 

En cette fin de mois d’octobre, un nouveau festival voyait le jour en Belgique, le Festival international de musique de Jodoigne, ville du Brabant wallon située entre Bruxelles, Louvain et Namur. Cette nouvelle manifestation, organisée par l’ASBL « le chemin des artistes » spécialement créée pour l’occasion par une équipe de bénévoles, bénéficie d’un cadre très propice, la chapelle Notre-Dame du Marché, un édifice au centre de la ville, magnifiquement restauré, transformé en salle de concert et d’exposition, un lieu idéal pour la musique de chambre, dont l’inauguration a eu lieu à peine une semaine avant le lancement du festival.

Ce sont les deux directeurs artistiques de ce nouveau festival, le violoncelliste Johannes Burghoff et la pianiste Maiko Inoué qui ont découvert ce lieu, encore en plein chantier, et qui pressentant ses qualités acoustiques, ont proposé d’y organiser les concerts. Nous les retrouvons en compagnie du violoniste Olivier Piguet, avec lequel ils forment habituellement le Trio Mistral, et de l’altiste Denis Dercourt, qui fut leur professeur de musique de chambre à Strasbourg, l’ensemble proposant un intéressant programme de quatuors à clavier.

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Olivier Piguet, violon ; Denis Dercourt, alto
© Vincent Coppieters

Le début du concert est cependant relativement moyen. Le Mouvement de quatuor de Mahler n’est pas l’œuvre la plus intéressante de son auteur, et les interprètes, manquant légèrement de conviction, ont du mal à ne pas céder à la relative monotonie de la pièce. Individuellement, on remarque me violon assez acide et à l’intonation pas toujours assurée d’Olivier Piguet, ainsi que le piano puissant à la sonorité généreuse de Maiko Inoué, qui a cependant tendance à abuser de la pédale.

Le Quatuor KV478 de Mozart offre un heureux saut qualitatif au concert, l’ensemble Mistral, gracieux et sensible, prenant bien la mesure des exigences stylistiques du compositeur. Malgré tout, les interprètes semblent se contenter d’une lecture légèrement superficielle, gommant les aspérités du premier mouvement, dont le caractère inquiet est ici assez peu mis en valeur. En revanche, on perçoit parfaitement la tendresse de l’écriture de l’Andante, alors que le mouvement final, bien moins frivole que son titre on ne peut plus galant de Rondeau ne pourrait le laisser prévoir, est un bel exemple d’équilibre interprétatif entre allègre optimisme et souvenir des tourments passés. Assurément, ce final est le meilleur moment d’une interprétation menée résolument par Maiko Inoué, pianiste décidément passionnante, aux phrasés remarquablement construits, qui anime l’ensemble sans faiblis, mais sans écraser pour autant ses partenaires.

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Maiko Inoué, piano
© Vincent Coppieters

Le concert étant donné sans pause, on enchaîne directement avec le Quatuor opus 25 de Brahms. Si les exécutions des deux premières pièces du programme étaient sujettes à la discussion, l’interprétation de ce dernier quatuor fut une réussite bien plus accomplie. Les musiciens ont su trouver le ton juste, passionnés et engagés, créant l’ambiance nordique et mystérieuse requise. On reste confondu par l’étendue du talent de la pianiste, dont les phrasés un peu bourrus, l’expression sans concession font merveille dont cette œuvre où ses facultés d’entraînement donnent des ailes à ses partenaires, en particulier au violoncelliste, irréprochable de bout en bout. A peine peut-on regretter un alto un peu hésitant dans l’introduction du premier mouvement, qui y perd de sa féerie. De même, le mouvement final, à la fougue communicative, gagnerait-à notre goût- à un peu plus de liberté rythmique.

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Johannes Burghoff, violoncelle
© Vincent Coppieters

Ce concert de très belle tenue marquait donc la fin de ce premier festival musical à Jodoigne, un festival qui a déjà trouvé un public, les gradins de la salle étant fort bien occupés pour un dimanche après-midi au temps ensoleillé. Disposant d’un lieu superbe, à l’acoustique excellente, claire et distincte, sans réverbération excessive ni saturation, permettant aux instrumentistes de donner leur pleine mesure, ce festival est bien né, et pourra grandir encore, un accord ayant déjà été conclu avec la ville pour au moins quatre éditions supplémentaires."

 

Richard Letawe, classique info

www.classiqueinfo.com



07/11/2011

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